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Ouragan, séisme, inondation… Partir aider sur place après une catastrophe naturelle : une fausse bonne idée ?

Photo Ymnes sous licence CC0

L’ouragan Irma, le séisme au Mexique, les inondations en Inde, au Népal et au Bangladesh… L’actualité de ces dernières semaines a été marquée par une succession de catastrophes naturelles aux conséquences humaines et matérielles dévastatrices. Face à la déferlante de témoignages et d’images chocs sur nos écrans, nombreux sont les Occidentaux qui souhaitent non seulement faire des dons, mais aussi aller aider sur place. Dans cet article, nous vous expliquons pourquoi partir en tant que bénévole « à chaud » constitue une fausse bonne idée, et pourquoi il vaut mieux attendre le moment opportun pour participer aux efforts de reconstruction via un projet de volontariat responsable.

Le monde ébranlé par une série de catastrophes naturelles

L’ouragan Irma (Photo Cayobo sous licence CC 2.0)

Notamment en France, on a beaucoup parlé de l’ouragan Irma, qui a ravagé certaines îles des Caraïbes comme Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Haïti ou encore Cuba, et qui est allé finir sa course meurtrière en Floride. On a en revanche beaucoup moins insisté sur d’autres catastrophes, aux conséquences pourtant dévastatrices, qui ont touché d’autres parties (moins francophones… et moins riches) du monde :

  • Dans la nuit du 7 au 8 septembre, un séisme d’une magnitude de 8,2 a frappé le sud du Mexique (principalement les états de Oaxaca, Chiapas et Tabasco), avec un nombre de victimes qui avoisinerait la centaine.
  • En Asie du Sud, notamment en Inde, au Népal et au Bangladesh, au moins 600 personnes ont péri suite à la série d’inondations et de glissements de terrain dus à la mousson qui ont ravagé la région au cours du mois d’août.

À l’heure où certains décideurs mettent en doute l’existence même du réchauffement climatique (qui aurait pourtant un lien avec la forte augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes de ces 30 dernières années), il est plus que jamais nécessaire que les citoyens du monde prennent les choses en main. Mais alors, quelle est la meilleure façon pour eux de se rendre utile ?

Keep calm… et faites un don !

Ceux qui auraient l’impulsion de sauter dans le premier avion direction Saint-Martin pour aider sur place devraient prendre ceci en considération : ce dont on a d’abord besoin dans une situation d’urgence, ce sont de professionnels et de travailleurs humanitaires qualifiés formés pour faire face à des situations de crises réelles. Il s’agit en priorité de sauver des vies et d’assurer la survie des rescapés. Cela correspond à la première étape du cycle de l’aide d’urgence, comme le schéma ci-dessous l’illustre.

Traduction du Cycle de l’aide d’urgence : Croix-Rouge allemande

En venant sur place avec votre seule bonne volonté, vous risquez de mettre en péril un équilibre précaire, voire d’être franchement contre-productifs puisque vous pourriez accaparer durant votre séjour des ressources qui, dans ces situations, se font rares : eau potable, nourriture, abri, transports, etc. Si votre élan de solidarité est tout à fait louable, soyez donc conscient qu’en vous rendant sur les zones sinistrées immédiatement après le désastre, vous êtes plutôt susceptibles d’aggraver la crise…

La meilleure chose que vous puissiez faire à ce stade est d’envoyer des dons à des organismes de secours reconnus, qui sauront utiliser votre argent efficacement sur le court terme. En France, Suisse ou Belgique, vous pouvez adresser vos dons à la Croix-Rouge, au Secours Populaire, à la Fondation de France, au CCFD-Terre Solidaire encore à l’UNICEF ou à CARE France. On peut aussi citer l’association SOS Attitude, spécialisée dans l’installation d’abris d’urgence suite à une catastrophe. Vous pouvez également participer à des initiatives ponctuelles visant à récolter de l’argent pour des causes spécifiques, comme cela a été le cas pour le projet ZEvent, un marathon caritatif de jeu vidéo, qui a permis de récolter plus de 450 000€ de dons en faveur des victimes de l’ouragan Irma.

S’engager comme bénévole dans un second temps pour soutenir les efforts de reconstruction

Ce n’est qu’après avoir laissé passer quelques semaines ou quelques mois, lorsque la vie aura repris un cours à peu près normal dans les zones sinistrées, que la contribution de bénévoles non-spécialistes pourra être réellement significative. À ce stade, ceux-ci peuvent en effet participer aux efforts de reconstruction et de réhabilitation des équipements via une mission humanitaire avec une visée sur le long terme. Chez Guidisto, nous sommes convaincus de l’utilité du volontariat, qui lorsqu’il est effectué de manière responsable permet de favoriser l’échange interculturel et peut avoir des conséquences positives pour toutes les parties prenantes. Pour plus d’informations, nous vous invitons à parcourir notre page À propos.

De plus, ce n’est pas seulement à travers votre travail volontaire que vous pouvez vous rendre utile. En 2013, après le passage dévastateur du typhon Haiyan en Asie du Sud-Est, le gouvernement d’une région philippine avait exhorté les touristes à se rendre rapidement sur place comme volontouristes, afin de permettre à l’économie locale de repartir. Cet exemple nous montre que pour des pays fortement dépendants du tourisme (comme c’est le cas pour le Népal qui a été touché en août par de graves inondations), l’afflux de touristes occidentaux est générateur de revenus qui leur bénéficient même si les infrastructures ne sont pas entièrement restaurées. Rayer un tel pays récemment touché par une catastrophe naturelle de sa liste de destinations de voyage possibles constituerait une double punition pour les habitants, qui se voient en plus privés d’un revenu précieux. En se rendant sur place, les volontaires peuvent ainsi agir comme des pionniers et stimuler à nouveau l’économie locale.

En France, des programmes d’aide se mettent également en place, comme les Artisans du cœur, une initiative de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Seine-Saint-Denis, qui vise à mobiliser des artisans bénévoles de métropole pour aider sur place à Saint-Martin et Saint-Barthélemy une fois que la phase de reconstruction aura commencé.

Cependant, il faut éviter que ce travail bénévole ne se transforme en tourisme de catastrophe, voire en voyeurisme. Les volontaires devraient au préalable questionner leurs motivations et avoir une approche réaliste du travail qu’ils ont la capacité d’exécuter sur place. Le volontariat dit « flexible » (sans processus de sélection lourd des volontaires, à qui l’on ne demande pas de qualifications particulières) devrait être synonyme d’apprentissage et conduire à un engagement à long terme. Soyons clairs : ceux qui ne sont intéressés que par la prise de selfies feraient mieux de rester chez eux.

Partir aider sur place : quand et où ?

À partir de quand puis-je me rendre sur une zone sinistrée en bonne conscience ? Il n’y a malheureusement pas de formule miracle. La question du moment où le bénévolat est à nouveau possible, aussi pour des personnes sans qualification, dépend à la fois du progrès des opérations de sauvetage et de reconstruction, et de l’emplacement du projet bénévole.

Les candidats au départ devraient également prendre le temps de se renseigner en amont sur les conditions dans lesquelles ils se trouveront au moment de leur arrivée sur place. Nous vous conseillons vivement de ne pas prendre de risques inutiles. Votre engagement ne doit pas être au détriment de votre santé, et vous ne devriez pas non plus constituer une charge supplémentaire pour les locaux !

Parfois, il est possible de se rendre utile en se concentrant ses efforts sur des zones annexes moins touchées par la catastrophes, comme cela a été le cas en 2015 lors des séismes ayant frappé le Népal. Pour le Mexique, l’Asie du sud (Inde, Népal, Bangladesh) et les grandes îles comme Cuba et Haïti, préférez donc dans un premier temps les zones éloignées où les dégâts sont moindres, mais où votre apport de non-spécialiste de l’urgence sera plus utile. Pour ce qui est du cas spécifique de l’ouragan Irma, Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont été presque entièrement ravagées. Il faudra donc du temps avant que vous puissiez vous dire avec certitude que votre présence ne sera pas source de gêne pour les habitants et les travailleurs humanitaires.

Il faut également que vous soyez bien renseigné sur :

  • le lieu exact de déroulement du projet,
  • le degré de destruction des infrastructures à cet endroit,
  • le niveau de sécurité et de prise en charge médicale en cas d’accident. Inutile de jouer les héros !

Comment choisir le bon projet de volontariat pour lequel s’engager ?

Vous trouverez dans notre Guide du volontariat à l’étranger des conseils pour vous orienter dans votre choix d’un projet de volontariat ainsi qu’une check-list de plus de 50 critères pour vous aider à évaluer si telle ou telle mission ou organisation est véritablement sérieuse et responsable.

Nous vous conseillons également d’éviter tout projet en lien avec des orphelinats, par exemple en Haïti ou au Népal, qui cachent souvent une réalité en lien avec le trafic d’enfants (vous trouverez l’explication détaillée sur notre article de blog : pourquoi nous excluons les projets avec des orphelins). Malheureusement, la détresse des populations touchées par une catastrophe naturelle constitue un contexte souvent propice à la prolifération de tels établissements, car les enfants de familles ayant perdu leur toit sont plus susceptibles de se faire “recruter” par des pseudo-orphelinats. Les bénévoles et les donateurs devraient concentrer leurs efforts sur des organismes qui luttent pour que les enfants puissent rester dans leur famille, ou bien, s’il s’agit d’orphelins réels, dans leur communauté.

Enfin, dans le cas des projets en lien avec une catastrophe naturelle spécifique, vous devriez porter une attention toute particulière à la réponse à ces trois questions :

  • L’organisme disposait-il déjà de programmes sur place avant la catastrophe ? Un organisme qui avait déjà son réseau sur place avant la catastrophe connaîtra les besoins de la communauté locale, pourra activer son réseau existant et apporter une aide efficace.
    Si un organisme s’installe dans le sillage d’une catastrophe, on est en droit de se demander s’il ne s’agit pas d’une façon immorale de profiter de la crise.
  • Le projet est-il soutenu par la population locale ?
  • Les volontaires sont-ils encadrés par l’organisme une fois sur place ?

 

Pour conclure, on vous rappelle l’idée la plus importante : si vous voulez vous rendre utile à la suite d’une catastrophe naturelle, mieux vaut dans un premier temps rester chez vous et faire un don, plutôt que de vous rendre sur place. Dans un second temps, vous pourrez prêter main forte lors de la phase de reconstruction au travers d’une mission humanitaire ou de projets de chantiers bénévoles.

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6 commentaires

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  1. 01/10/2018
    Je souhaiterais svp me rendre sur place et ammenner avec moi des milliers de tante et vivre bénévolement je demande en échange que la logistique je vous en serait pas pour moi mais une immense reconnaissance pour ce pays et ses habitants qui souffre et qui leur manque tant de chose merci pour ce que vous ferez bien à vous Répondre
    • 02/10/2018
      Bonjour,
      Nous vous invitons à lire l'article ci-dessus qui explique pourquoi en situation de catastrophe naturelle, se rendre sur place n'est pas une bonne idée. La présence de volontaires non qualifiés risque en effet de gêner l'action des travailleurs humanitaires et d'accaparer des ressources précieuses pour les sinistrés.
      Nous comprenons et saluons votre envie d'aider mais à ce stade, la meilleure chose que vous puissiez faire pour aider concrètement les Indonésiens est d'adresser un don à un organisme de secours comme le Secours Populaire ou l'UNICEF. Répondre
  2. 09/10/2018
    Bonjour je suis menuisier et dans le domaine du bâtiment je bosse depuis 15ans j aimerais savoir si c est trop tôt pour aider. Je suis physique aussi il faut bien des bras pour déblayer et si c est le cas alors prévenez moi merci Répondre
    • 09/10/2018
      Bonjour,
      Si vous faites référence au séisme en Indonésie du 28 septembre, nous sommes encore en plein dans la phase de réponse d'urgence, et les organismes de secours sont pour l'instant mobilisés dans la recherche des disparus et l'approvisionnement en vivres des sinistrés. Il est donc effectivement trop tôt pour aider en se rendant sur place et au vu de l'ampleur de la catastrophe, la phase de reconstruction et réhabilitation, où la venue de volontaires peut être utile, ne démarrera probablement pas avant un long moment...
      De nombreuses ONG comme Action contre la faim ou CCFD-Terre Solidaire ont lancé un appel aux dons. Répondre
  3. 29/12/2018
    Bonjour. Nous prevoyons etre fin d année en indonésie pour de l aide humznitaire.suite au séisme. Y a t il une association sérieuse pour nous guider sur place et nous conseiller au mieux des besoins a cette période certe c est un peu tôt pour savoir. Merci de nous repondre . Nelly Répondre
    • 29/12/2018
      Bonjour Nelly, Si vous relisez l'article, vous allez constater que nous déconseillons de se rendre à l'improviste dans une zone de catastrophe naturelle. Si vous ne partez pas en tant que personne qualifiée avec un organisme humanitaire reconnu, votre meilleur option est de faire un don à une association qui agit sur place. Répondre

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