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Aller aider au Maroc ou faire un acte de solidarité à distance : comment se rendre utile suite au séisme ?

Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre 2023, un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a frappé le Maroc, entraînant des dégâts considérables. Avec un épicentre situé dans les montagnes du Haut Atlas au niveau de la province d’Al-Haouz, le tremblement de terre a secoué plusieurs régions y compris celle de Marrakech. Le bilan provisoire, qui continue de s’alourdir au fil des recherches, fait état de plus de 2900 morts et 5600 blessés.

Les points de collecte et les appels aux dons se multiplient, de même que l’envie de se rendre sur place pour aider. En tant que portail spécialisé dans le volontariat à l’étranger, nous observons aussi chez nos visiteurs depuis plusieurs jours une volonté d’aller aider au Maroc pour apporter leur soutien aux personnes touchées par ce drame.

Mais est-ce vraiment une bonne idée ? Il existe différentes façons d’apporter son soutien à la population marocaine et nous vous expliquons dans cet article comment participer au mieux à l’aide humanitaire au Maroc.

S’engager en tant que bénévole au Maroc dans les zones touchées par le séisme

Vous avez envie d’aller aider au Maroc ? Il est tout à votre honneur de vouloir venir en aide aux populations touchées par le tremblement de terre. En revanche, pour le moment, il est préférable de vous rendre utile depuis chez vous si vous ne faites pas partie des rares personnes spécialisées. Nous vous expliquons pourquoi.

Dans la gestion d’une catastrophe naturelle, la première étape du cycle de l’aide humanitaire (voir image ci-dessous) est la réponse d’urgence par des expertes et experts formé(e)s et expérimenté(e)s : les secouristes, le personnel médical et les spécialistes formés.

Après un tremblement de terre, les équipes sur place doivent d’abord assurer les recherches de victimes, les premiers secours, la gestion des campements temporaires pour les sinistrés, les apports de première nécessité, ainsi qu’un soutien psychologique.

En vous rendant sur place sans qualifications et sans expérience, vous risqueriez non seulement de gêner le processus d’urgence auprès des victimes, mais aussi de gaspiller les ressources essentielles déjà limitées, comme l’eau, l’électricité, la nourriture et les abris sûrs, qui ont d’ailleurs été lourdement impactés lors du séisme. Dans l’Atlas, les voies d’accès aux habitations sinistrées elles-mêmes sont endommagées et les responsables craignent des embouteillages causés par trop d’aidants autoproclamés.

Dans le cas du tremblement de terre au Maroc, il se pose particulièrement la question des conditions d’hébergement et de la sécurité sur place. Les villes et villages touchés sont actuellement des zones à risque qui doivent d’abord être sécurisées par les secours. De plus, certains villages, comme Ijoukak et Talat N’Yaaqoub, ont même été entièrement détruits. Dans les zones montagneuses, les températures sont aussi très froides, notamment la nuit, pouvant descendre en dessous de 0°C.

Traduction du Cycle de l’aide d’urgence : Croix-Rouge allemande

Si vous êtes secouristes, infirmiers, travaillez dans le domaine médical ou celui du bâtiment, vous vous dites peut-être que vous ne faites à priori pas partie des volontaires « inexpérimentés » ou « non-qualifiés ». Cependant, aller aider au Maroc sans faire partie d’une équipe invitée par les autorités locales ne veut pas forcément dire être réellement utile sur place. Toutes les équipes de secours sur les lieux sont complètement surchargées et ne sont pas en mesure de coordonner la logistique, le voyage, l’encadrement et la collaboration d’une personne seule. Ces responsabilités comprennent notamment la vérification de vos compétences pour prendre en charge les personnes touchées par le séisme.

De plus, il faut noter que le français n’est pas parlé par toute la population au Maroc, et ne pas parler arabe peut créer une barrière de la langue et être un vrai handicap pour intervenir auprès des victimes.

Faire un don d’argent aux associations humanitaires 

Pour le moment, le meilleur moyen d’apporter votre aide à la population touchée par le tremblement de terre est de faire un don financier à des ONG et associations reconnues, qui elles, seront en mesure d’apporter une aide humanitaire d’urgence au Maroc grâce à l’argent recueilli.

La Croix-Rouge française assure d’ailleurs que les dons financiers sont bien plus efficaces que ceux en nature et explique en cinq points « pourquoi les collectes de dons en nature sont une fausse bonne idée ». (Voir la partie « Faire un don matériel aux sinistrés ✘ » plus bas sur cette page.). L’ONG a lancé un appel à solidarité d’environ 100 millions d’euros, qui seront utilisés localement par le Croissant-Rouge Marocain.

Il existe plusieurs organisations de solidarité internationale auprès desquelles vous pouvez faire un don d’argent, par exemple :

Attention aux arnaques : évitez les cagnottes en ligne ou les appels aux dons pour aider le Maroc qui circulent sur les réseaux sociaux. Il est en effet difficile de vérifier la fiabilité de la personne organisatrice ou de savoir de quelle façon votre don sera utilisé.

Pour être sûr de faire un don à une organisation humanitaire de confiance, vérifiez si celle-ci est reconnue d’utilité publique par le ministère de l’Intérieur. Pour cela, vous pouvez consulter leur liste officielle des associations reconnues et celle des fondations reconnues. Vous pouvez aussi vous référer aux organisations labellisées « Don en confiance », dont le fonctionnement et la transparence sont contrôlés continuellement.

Pour plus d’informations à ce sujet, le gouvernement français met à disposition un guide de prévention contre les arnaques et certains médias listent également quelques conseils pour éviter les arnaques lorsque vous souhaitez faire un don.

Enfin, préférez les dons à l’organisation de votre choix sans finalité spécifique ou à leurs fonds d’urgence, plutôt qu’à la cause du tremblement de terre au Maroc spécifiquement. Si des associations reçoivent beaucoup de fonds avec une affectation précise, des situations de surplus peuvent se produire qui diminuent l’efficacité des dons, tandis que d’autres missions manquent éventuellement de moyens. De cette façon, votre don permet aux associations d’intervenir immédiatement dans toutes les situations de crises.

La population libyenne, actuellement grièvement touchée par des inondations destructrices, pourrait notamment en bénéficier. Après le passage du cyclone Daniel, la Libye fait état d’un lourd bilan de plus de 11 300 morts. Face à l’ampleur de la catastrophe, l’aide humanitaire est fortement nécessaire sur place afin, entre autres, de mener les recherches de victimes, de porter secours aux sinistrés et de prévenir la propagation de maladies.

Faire un don matériel aux sinistrés

De nombreuses familles ont tout perdu à la suite du tremblement de terre au Maroc, qui a décimé des villages entiers. Il est donc normal de penser à faire des dons matériels aux personnes touchées. Partout en France, les points de collecte, initiés par des particuliers, communes ou associations, se multiplient pour recueillir des produits de première nécessité comme des vêtements, aliments non périssables, produits hygiéniques, du matériel médical, de l’équipement de couchage (couvertures, tentes, etc.).

Ces initiatives solidaires peuvent effectivement s’avérer utiles, mais uniquement une fois qu’une liste précise des besoins déterminés par les autorités locales et les équipes sur place sera disponible. Clément Marragou, Président de la délégation territoriale de la Croix-Rouge de l’Hérault, explique dans un post sur X (ex-Twitter) : « les dons en nature entrainent des coûts financiers et humains liés à la logistique et au transport, sans valeur ajoutée si les besoins ne sont pas certains : le tri et le conditionnement des vêtements ou des objets collectés mobilisent nos équipes, et le fret coûte très cher. »

Il indique que si, malgré tout, les dons matériels seront votre seule possibilité pour aider les victimes, il faut privilégier le neuf (emballé) pour faciliter la gestion par la structure sur place.

Faire du volontariat au Maroc une fois la crise passée

Une fois l’étape d’aide d’urgence passée et les différentes zones sécurisées, les possibilités pour soutenir les efforts de reconstruction et aider la population en situation de précarité deviendront plus nombreuses, même pour des personnes sans qualifications ou expérience particulières.

Dans quelques semaines ou mois, lorsque les services de base pourront être à nouveau majoritairement assurés dans les zones touchées par le séisme, les volontaires pourront tout à fait partir aider au Maroc et apporter une contribution utile. C’est alors la phase de reconstruction et de réhabilitation qui débutera, et qui se transformera peu à peu en un développement durable.

Les pays et régions fortement dépendants du tourisme comme le Maroc ont besoin de générer à nouveau des revenus touristiques, même lorsque l’infrastructure n’est pas encore totalement rétablie. Les bénévoles qui s’engagent au Maroc peuvent ainsi participer à la relance de l’économie du pays.

Mais pour que le bénévolat utile ne se transforme pas en tourisme voyeuriste suite à la catastrophe, tous les futurs volontaires doivent d’abord définir leurs réelles motivations et aborder leur bénévolat au Maroc de manière réaliste.

Le volontariat flexible devrait avant tout être placé sous le signe de l’apprentissage et déboucher sur un engagement à long terme. Inutile d’aller aider au Maroc si c’est dans le seul but de se montrer sur les réseaux sociaux !

Quand aller aider au Maroc ?

Cependant, il est difficile de dire précisément à partir de quand un soutien humanitaire au Maroc de la part de bénévoles non-spécialistes sera possible et opportun.

Les conséquences du tremblement de terre et l’ampleur des dégâts ne sont pas les mêmes dans les communes proches de l’épicentre et dans les villes plus éloignées : la situation (avancement de l’aide humanitaire d’urgence, des premiers secours, sécurité sur place, etc.) sera donc différente dans la province d’Al Haouz, les régions montagneuses et difficiles d’accès, et les villes éloignées de l’épicentre comme Marrakech.

Avant d’aller aider au Maroc, les futurs bénévoles doivent se renseigner précisément sur le degré de destruction de la région dans laquelle ils vont travailler et sur les conditions qu’ils y trouveront. Nous déconseillons vivement de prendre des risques inutiles qui pourraient nuire à votre santé. De plus, cela représenterait une charge supplémentaire inutile pour les Marocains.

Quelle mission de volontariat au Maroc ?

Une fois qu’il sera possible d’aller aider sur place au Maroc, le choix des projets de volontariat sur place se concentrera probablement autour de la reconstruction non seulement d’infrastructures, mais aussi sociale et économique, dans les zones touchées par le séisme.

Certains projets seront proposés comme mission de bénévolat individualisée (avec des dates de début et de fin de mission individualisées), d’autres seront proposés sous forme de chantier où vous faites partie d’un groupe avec des dates communes à tout ce groupe.

Vous pourrez par exemple vous engager dans des projets de volontariat de :

  • Reconstruction d’infrastructure : participer à la reconstruction et réparation de bâtiments détruits ou endommagés, notamment des habitations, écoles, établissements médicaux ou commerces. D’autres missions de construction ou de reconstruction à travers le monde.
  • Accompagnement médical : pour les volontaires ayant les compétences médicales requises, aider le personnel médical d’hôpitaux ou d’associations locales pour les soins des personnes blessées lors du tremblement de terre. Nous rappelons ici que l’intervention auprès de patients nécessitent forcément des compétences. Notre page sur les stages et missions humanitaires en santé et médecine à l’étranger explique ce domaine complexe. Notez que beaucoup de projets médicaux/santé sur Guidisto ne sont pas des missions humanitaires où vous pouvez aider, mais des stages où l’idée d’apprentissage est prédominante.
  • Enfance : les Marocains adultes seront littéralement occupés par la reconstruction de leur pays. En tant que bénévole, vous pourrez apporter une aide aux associations locales, écoles, jardins d’enfants ou crèches à travers des activités ludiques, culturelles, d’enseignement et sportives. Guidisto recense ce type de missions/voyages humanitaires en Afrique, mais aussi en Asie, Amérique latine et en Europe.

Nous vous déconseillons cependant de participer à des projets au sein d’orphelinats. Même si certains enfants auront tragiquement perdu leurs parents dans la catastrophe, l’expérience dans d’autres pays montre que la référence aux « orphelins » sera aussi utilisée pour gagner de l’argent. De plus, des contacts répétés avec des volontaires de courte durée peuvent créer des troubles relationnels chez les enfants. Nous vous expliquons plus en détail pourquoi vous ne trouverez pas de bénévolat en orphelinat sur Guidisto dans notre article de blog.

Où partir aider au Maroc ?

Comme nous l’expliquions plus haut, de nombreuses provinces et communes du pays ont été plus ou moins grièvement touchées par le tremblement de terre. Il n’est actuellement pas possible de déterminer avec exactitude quelle zone sera plus susceptible d’accueillir des bénévoles au Maroc pour participer à la reconstruction des lieux détruits. Surtout, la question du « Quand ? » (voir ci-dessus) est étroitement liée à la question du « Où ? ».

Il faut aussi noter que certains villages montagneux sont difficilement accessibles, il n’est pas improbable que seul du personnel formé serait amené à intervenir dans ces endroits.

Dans tous les cas, ce sont les autorités locales et associations humanitaires qui détermineront, le moment venu, où il est nécessaire et possible (sécurité, accessibilité, etc.) de faire appel à des volontaires pour des missions humanitaires au Maroc.

Comment choisir le bon projet de volontariat ?

Vous pouvez consulter notre guide du volontariat à l’étranger pour vous aider à évaluer et sélectionner une organisation de bénévolat ou association humanitaire de confiance grâce à notre checklist, lorsqu’il sera possible de partir aider au Maroc.

Déjà avant le tremblement de terre, il existait de nombreuses possibilités pour aller aider au Maroc. Des organisations spécialisées dans la mise en place de missions de volontariat étaient autant présentes que des projets d’accueil qui accueillaient en leur sein des volontaires venus d’autres pays. Des partenariats entre des structures locales et des initiatives en Europe qui organisaient régulièrement des visites de leurs membres dans les structures marocaines existaient aussi.

Surtout pendant les vacances d’été, des chantiers de jeunes (ou de moins jeunes) au Maroc ont une longue tradition également.

En vue de l’attention médiatique autour du tremblement de terre, mais aussi de la présence d’une importante diaspora marocaine en Europe (surtout en France, Belgique, Pays-Bas), et des liens familiaux entre le Maroc et des populations issues de l’immigration, il est probable que d’autres initiatives naîtront qui proposeront éventuellement des missions individualisées ou des chantiers.

Dans le cas d’une catastrophe naturelle, nous vous conseillons de vous poser les questions suivantes :

  • S’il s’agit d’une organisation de volontariat spécialisée : était-elle déjà présente au Maroc avant le séisme ? Si ce n’est pas le cas, on pourrait se demander si cette organisation ne profiterait pas de la crise.
  • S’il s’agit d’une nouvelle initiative ? L’organisation de programmes de bénévolat de qualité est complexe et ne s’improvise pas. Une expérience d’au moins un an fait par exemple partie des critères que nous utilisons pour décider si une organisation de volontariat peut promouvoir leurs projets sur Guidisto.
  • Le projet est-il soutenu par la population locale ?
  • Quel soutien l’organisation apporte-t-elle aux volontaires une fois sur place ?

Soutenir le tourisme pour aider à financer la reconstruction du pays

Aller aider au Maroc en soutenant le tourisme

Photo Boris Macek sous licence CC 3.0

Le secteur du tourisme représente environ 7% du PIB marocain. Si vous vous demandez comment aller aider au Maroc, une façon de soutenir la reconstruction et de relancer l’économie du pays est de le visiter et ainsi de participer au tourisme.

  • Si vous êtes actuellement sur place et êtes garantis d’être en sécurité, n’annulez pas le reste de votre séjour.
  • Si vous avez un voyage de prévu au Maroc bientôt, maintenez vos réservations. Des annulations de séjour pourraient fortement impacter le tourisme, particulièrement les petits établissements hôteliers et professionnels du secteur.
  • Ne rayez pas le Maroc de vos destinations de voyage futures.

Dans la région de Marrakech, capitale touristique du royaume chérifien, les établissements hôteliers feraient état de très peu de dégâts. Dans un article du site d’information Le Desk, Hamid Bentahar, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Marrakech-Safi, affirme que les structures touristiques « sont dans leur majorité construites selon des normes antisismiques, leur permettant de résister aux secousses ».

Participer à cette forme de « tourisme solidaire » permettra de soutenir l’activité économique de la population marocaine et le financement de la reconstruction des zones touchées par le séisme.

Parlez à vos amis de "Aller aider au Maroc ou faire un acte de solidarité à distance : comment se rendre utile suite au séisme ?" :

Mélody Lacouture

Mélody Lacouture est chargée de projets pour guidisto-volontariat.fr, le portail en ligne indépendant pour le volontariat responsable et flexible à l’étranger. Ayant toujours été attirée par le monde de l’humanitaire, elle a travaillé dans le secteur des relations presse au sein d’une ONG française active à l’international et coordonne aujourd’hui avec plaisir les organisations partenaires de Guidisto et leurs projets de bénévolat.

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