Si vous nous suivez depuis longtemps, vous savez déjà que nous prenons régulièrement position sur des questions liées aux droits des enfants. Depuis notre création, nous bannissons par exemple catégoriquement de notre portail toutes les missions de volontariat en orphelinat, qui nuisent au bien-être des enfants pour de nombreuses raisons.
Dernière actualité en date : Guidisto figure parmi les 23 signataires d’une liste de recommandations en vue de la prochaine Stratégie de l’Union Européenne pour les droits de l’enfant, prévue pour 2021.
À l’occasion de la phase de consultation publique, un document officiel détaillant ces recommandations vient d’être publié, avec notamment comme objectif d’exclure le volontariat en orphelinat du Corps Européen de Solidarité.
De quoi s’agit-il ?
Des millions d’enfants dans le monde grandissent dans des institutions (orphelinats, centres et internats spéciaux, etc.) qui les exposent à un ensemble de violation de leurs droits, accroissent le risque qu’ils subissent des violences, et ne répondent pas à leurs besoins.
Des dizaines d’années de recherche ont également montré que la majorité des enfants vivant dans ce type d’institutions ne sont pas orphelins, mais y ont été placés pour d’autres raisons (trafic, pauvreté, marginalisation, absence de structures de soutien aux familles dans leur communauté, etc.)
La prochaine Stratégie de l’UE pour les droits de l’enfants que la Commission européenne entend publier en 2021 offre une occasion unique de faire avancer les droits de l’enfant, et plus particulièrement de réaffirmer l’engagement de l’UE à assurer la transition d’une prise en charge des enfants en institution vers une prise en charge familiale.
Afin de protéger efficacement les droits de tous les enfants, la stratégie ne doit pas oublier le groupe particulièrement vulnérable et souvent invisible que constitue les enfants vivant en institution ou risquant d’être institutionnalisés.
Ce document, soutenu et signé par Guidisto et 22 autres organisations, contient des recommandations sur comment inclure le droit des enfants à une prise en charge familiale ou communautaire dans la Stratégie de l’UE pour les droits de l’enfant.
Consulter l’ensemble des recommandations
Inscrire la lutte contre le volontariat en orphelinat dans la Stratégie de l’UE pour les droits de l’enfant
Parmi les différentes recommandations listées dans ce document, le point 6 (« Protéger les enfants du risque de trafic ») nous intéresse tout particulièrement, car il concerne entre autres la question du volontariat en orphelinat.
Il existe un véritable trafic lié à aux orphelinats. De nombreuses institutions de ce type se font en effet de l’argent sur le dos des enfants, qu’ils « recrutent » activement au sein de familles vulnérables et utilisent pour attirer un flux constant de dons, touristes et volontaires internationaux. Cela est particulièrement le cas dans des destinations populaires pour le tourisme et le volontariat comme le Cambodge, le Népal ou l’Ouganda.
Aujourd’hui, de nombreuses organisations de volontariat continuent à proposer du volontariat en orphelinat. Certains programmes de volontariat réglementés et subventionnés par l’État ou l’Union Européenne (comme le Corps Européen de Solidarité, anciennement Service Volontaire Européen) proposent également des projets en orphelinat.
Actions clés
Au sujet des risques liés au volontariat et aux autres formes de soutien aux orphelinats, les actions clés recommandées par les 23 organisations signataires de ce document sont les suivantes :
- Reconnaître le trafic spécifique lié aux institutions et le risque d’exploitation particulier des enfants placés ou à risque d’être placés dans une institution de type orphelinat.
- Reconnaître les méfaits du volontariat en orphelinat et recommander qu’il soit banni du Corps Européen de Solidarité 2021-2027 et des autres programmes de l’Union Européenne. Il est important de mettre l’accent sur le risque d’exploitation, d’abus sexuel et de trafic lié à ces institutions, et de sensibiliser les volontaires potentiels à ces questions.
- Encourager la recherche pour mieux comprendre comment l’Union Européenne, via des programmes de coopération internationale et les activités de ses citoyens et entreprises, contribue au problème de trafic lié aux orphelinats, et proposer des solutions spécifiques pour protéger les enfants.
Pas de « bonne » manière de faire du volontariat en orphelinat
Si faire un don, visiter ou participer à une mission de volontariat en orphelinat peut sembler une bonne idée, cela cause en réalité plus de mal que de bien.
On ne peut pas parler de « bon » ou de « mauvais » orphelinat, car même dans le cas d’un orphelinat géré par des personnes ayant réellement à cœur le bien-être des enfants, le principe même de la structure reste néfaste. En effet, grandir dans un orphelinat – même supposément éthique – occasionne des difficultés de développement, notamment psychologiques, chez les enfants : détresse émotionnelle, manque d’un sentiment d’appartenance à une communauté, douleur liée aux séparations avec les touristes/volontaires qui se succèdent, etc.
Peu importe où et pour combien de temps : il n’y a pas de « bonne » manière de faire du volontariat en orphelinat.
Même problème pour ceux qui arguent qu’un volontariat en orphelinat de longue durée est acceptable, car il n’élimine en rien les problèmes listés ci-dessus. Peu importe où et pour combien de temps : il n’y a pas de « bonne » manière de faire du volontariat en orphelinat.
Pour soutenir les enfants orphelins ou vulnérables, il est toujours préférable de favoriser un placement dans une structure familiale (famille d’accueil, avec un proche plus ou moins éloigné, etc.)
Pour en savoir plus sur ces questions, nous vous invitons à consulter notre article sur pourquoi nous excluons les missions de volontariat en orphelinat