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Pourquoi payer pour une mission de volontariat ?

Mission humanitaire gratuite« Pourquoi le bénévolat à l’étranger est-il payant ? » C’est une des questions les plus souvent posées à propos des missions humanitaires et autres formes de volontariat. Autrement dit : pourquoi devrais-je payer pour donner de mon énergie et de mon temps ? La réponse tient en quelques mots : parce que tout cela a un coût et il faut bien que quelqu’un paie les factures. Nous vous expliquons sur cette page pourquoi la recherche d’une mission humanitaire gratuite ou d’autres projets de volontariats sans frais reste la plupart du temps infructueuse, et pourquoi c’est le bénévole qui doit le plus souvent mettre la main au portefeuille.

Contrairement à une idée très répandue, l’organisation de missions de volontariat à l’étranger n’est pas gratuite mais est au contraire une affaire coûteuse. Certains volontaires voudraient que la note se limite au logement et à la nourriture sur place, mais comme nous allons le voir ce n’est en fait qu’une petite partie de l’addition.

Quels sont les coûts d’une mission de bénévolat à l’étranger ?

Préparation et gestion de projet

Organiser un projet de volontariat à l’étranger de qualité est une affaire complexe. Il s’agit de satisfaire les besoins et les demandes de trois groupes d’intérêts :

  1. Les bénévoles
  2. Le projet qui accueille ces bénévoles (une école ou une réserve naturelle par exemple)
  3. Les bénéficiaires du projet dans lequel les bénévoles s’engagent (ici les élèves de l’école ou l’écosystème protégé par la réserve)

 

C’est pourquoi les dépenses commencent dès la préparation, donc bien avant l’arrivée des premiers bénévoles :

  • Des billets d’avion doivent être réservés afin de connaître le projet, d’établir un lien avec les responsables locaux, d’évaluer le sérieux des partenaires, etc.
  • Dans l’idéal, cette évaluation est effectuée par des collaborateurs salariés formés et expérimentés qui perçoivent une rémunération.

Information et sélection des volontaires potentiels

Ensuite, le projet doit se faire connaître, ce qui implique par exemple :

  • L’impression de brochures,
  • La participation à des salons (frais de stand, déplacements, salaires),
  • La conception et l’hébergement d’un site web
  • Encore une fois il faut rémunérer les salariés en charge de l’information des personnes intéressées et de leur sélection.
  • Certains organismes programment des week-ends de sélection, ce qui nécessite de nouvelles dépenses.

Les frais sur place : bien plus que le logement et la nourriture

Le séjour sur place n’est pas gratuit non plus, même si le coût de la vie est moins élevé qu’en Europe. « Bien sûr », vous allez dire maintenant, « Je suis évidemment prêt à couvrir les frais pour mon toit et mon couvert. » Mais hélas, les frais ne s’arrêtent pas là.

Aviez-vous aussi pensé à ceci ?

  • Les coûts de transport de l’aéroport au lieu de la mission
    Ce seul point peut rajouter plus de 100€ à la note pour les projets situés en milieu rural qui nécessitent des véhicules tout-terrains pour les rejoindre. D’ailleurs, qui dit véhicule, dit aussi prix d’achat et coût d’entretien !
  • Les coûts du personnel qui fournit le support sur place.
  • L’organisation de formations ou de rencontres de la communauté de bénévoles
  • L’assurance
  • Dans des régions isolées où la nature règne encore en maître, notamment pour les projets de protection de la nature et d’écovolontariat, la création des infrastructures nécessaires demande souvent de gros investissements que chaque volontaire amortit un peu.

Cas particulier et sensible : les dons au projet d’accueil

La partie du prix de participation qui sera éventuellement versée au projet d’accueil représente un cas à part et particulièrement sensible. C’est une question sensible parce que beaucoup de volontaires ne se posent même pas la question : évidemment qu’une partie importante de leurs frais de participations vont directement dans les caisses du projet local ! Il y a pourtant de bonnes raisons de justement dissocier le travail bénévole d’un côté, et le versement de fonds de l’autre.

Les deux côtés ont de bons arguments. En résumé :

Pour le versement d’aides

  • L’aide des bénévoles occidentaux n’est qu’indirectement utile. Il existe beaucoup de choses pour lesquelles l’argent est indispensable.
  • Ce qui est une petite somme facile à rassembler pour beaucoup de bénévoles représente un apport significatif pour les projets.
Pour la dissociation

  • Conserver l’indépendance financière du projet qui ne doit pas dépendre de la présence ou non de volontaires.
  • S’il y a de l’argent pour chaque bénévole, le projet risque de s’aligner sur les besoins des volontaires et non pas sur ceux des bénéficiaires locaux.

Si ce sujet vous tient à cœur, nous vous encourageons à vous informer directement auprès de votre organisme de volontariat et à écouter les arguments des deux côtés.

Évaluation et suivi

Même après le retour, les dépenses continuent :

  • Les frais liés aux éventuelles réunions de bilan après la mission
  • Quand des subventions publiques sont accordées, on doit rendre des comptes sur leur utilisation.
  • Tous les projets doivent être réévalués à intervalles réguliers, et le cas échéant des changements doivent être mis en œuvre. Cela engendre, en général, de nouveaux frais de voyages.

Frais de bureau, de personnel, et administratifs

Pendant toute la durée du projet, le financement des frais de fonctionnement incombe à l’organisme de volontariat comme pour toute autre organisation :

  • Loyer, électricité, eau, chauffage
  • Comptabilité
  • Télécommunications
  • Fournitures de bureau et informatiques
  • Assurances
  • Assistance juridique
  • Etc.
  • Aussi bien dans votre pays d’origine que dans votre pays d’action. Ce qui double donc la note.

Puisque ces coûts de fonctionnement ne dépendent qu’en partie de la durée de votre séjour, les séjours les plus longs sont souvent moins chers au mois. Les frais fixes sont ensuite répartis sur plusieurs mois. Jetez un œil à la grille de prix de votre projet préféré et vérifiez si vous ne pouvez pas participer un peu plus longtemps. Ça serait également plus utile pour votre projet !

Qui doit payer ?

Pensez-vous toujours que le volontariat devrait être gratuit ? Nous voyons encore des bras qui se lèvent : « OK, mais pourquoi c’est moi qui doit payer l’addition ? ».

Examinons ensemble les autres possibilités.

Le projet sur place ?
Pas vraiment. Si les projets ont recours aux bénévoles, c’est justement parce qu’ils n’ont pas l’argent pour payer du personnel pour accomplir le travail, ni pour du personnel local qui se contenterait d’un salaire inférieur aux coûts de votre mission. La seule exception sont les missions qualifiées dans le cadre de la coopération internationale, voir plus bas.

L’organisme de volontariat lui-même ?
De plus en plus rarement. C’est vrai qu’il reste encore quelques organismes religieux qui reçoivent des subventions de leur communauté, mais elles ne suffisent clairement pas à financer totalement le projet. Dans le meilleur des cas, le bénévole paie un peu moins cher.

Les institutions publiques ?

On chauffe déjà un peu plus. En effet, l’État et l’Union Européenne déploient des moyens financiers considérables pour participer au financement de divers services de volontariat. En retour, ils demandent :

  • Un engagement de longue durée. Rares sont les missions subventionnées de moins de 6 mois.
  • De passer par un processus de sélection.
    Obtenir une place pour un service civique à l’étranger, un volontariat de solidarité internationale (VSI) ou un poste dans un autre service de volontariat réglementé ressemble à s’y méprendre à une recherche de stage ou de travail. La concurrence pour les places disponibles peut être féroce, et beaucoup de candidats échouent.

Il ne reste donc plus que vous pour couvrir les frais de votre voyage humanitaire ou de votre écovolontariat. C’est d’autant plus vrai si vous voulez vous engager pour seulement quelques semaines ou quelques mois (voir ci-dessus la problématique de la durée d’engagement).

Mais gardez la tête haute ! Des milliers de bénévoles réussissent chaque année à financer une mission en Afrique, Asie ou Amérique du Sud. Notre guide de financement est déjà en préparation ! Abonnez-vous à notre newsletter, pour être les premiers à être au courant de sa publication.

Y a-t-il des missions moins chères ?

Bien sûr il ne faut pas mettre tous les projets dans le même sac. Comme partout, il y a des différences de prix significatives entre les projets, même dans le cadre d’un volontariat flexible.

Comme souvent, cela dépend de vos besoins individuels. Plus vous êtes flexible, autonome et accommodant, moins ce sera cher, même si vous devez oublier l’idée d’un écovolontariat gratuit ou d’une mission humanitaire sans frais. On peut faire le parallèle avec une prestation de services : un cours de langue individuel et personnalisé dans une langue exotique dispensé par un professeur formé et expérimenté coûtera bien plus cher qu’un cours d’anglais standardisé avec un professeur en cours de formation et une douzaine d’autres personnes à une heure fixe.

Si l’organisme de volontariat de votre choix est géré lui-même par des bénévoles, cela peut effectivement faire baisser le prix. En revanche, vous devez vous attendre à des horaires de bureau restreints, un choix limité et peu d’aide pour la logistique de votre expérience bénévole. À l’inverse, le salaire d’une équipe de support à plein temps sur place fait monter les prix.

Notre conseil : vérifiez bien ce qui est compris ou non dans le prix et comparez ensuite.

Exception : les missions humanitaires qualifiées dans le cadre d’une coopération internationale

A priori, le seul cas de figure où quelqu’un va payer à votre place est une mission qualifiée de longue durée pendant laquelle vous apportez une vraie plus-value. Ce sera uniquement le cas si vos compétences ne sont pas disponibles dans votre pays d’action et donc si cela vaut le « coût » de vous faire venir.

Dans ce cas-là, nous ne parlons plus de bénévolat flexible, qui est l’objet de ce portail, mais de coopération internationale (anciennement appelée aide au développement) ou d’aide humanitaire d’urgence qualifiée. Le niveau d’exigence demandé dans ce domaine a beaucoup augmenté ces dernières années. La motivation seule ne suffit plus. Les employeurs potentiels attendront de vous une expérience professionnelle solide et une connaissance des pays en voie de développement. Pour ce dernier point, une première expérience en volontariat flexible peut être un bon départ.

Les entreprises sont-elles plus chères ?

Les organismes de volontariat sur Guidisto sont aussi bien des associations ou d’autres structures à but non-lucratif, que des entreprises, y compris des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS).  Selon notre expérience, la forme juridique de l’organisme seule – ONG ou entreprise – ne permet pas de tirer des conclusions quant à la qualité des projets de volontariat ou la relation qualité-prix.

Les entreprises parmi les organisations de volontariat sont le plus souvent des TPE ou des PME qui doivent non seulement financer leur projet sans l’aide de subventions, mais qui veulent en plus gagner leur vie. Elles sont la preuve qu’il est possible de concilier une activité économique avec un engagement social et écologique, tel que c’est le cas dans le commerce équitable ou dans l’agriculture biologique par exemple.

Alors, ces organismes sont-ils plus chers ? Il est vrai qu’à terme, les revenus issus des cotisations des volontaires doivent aussi permettre de dégager un bénéfice. Mais la comparaison des différents organismes montre que les prix ne sont pas forcément plus élevés.

Même quand les bénéfices atteignent entre 5 et 10% (en pratique, c’est souvent moins), cela signifie que pour un prix de mission de 2 000€, seuls 100 à 200€ ne sont pas absorbés par les coûts. Vu sous un autre angle, cela signifie que le projet en lui-même, sans les bénéfices tirés par la société coûterait toujours entre 1 800 et 1 900€.