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Ecovolontariat Afrique : la face cachée du bénévolat avec des lionceaux

Photo Frontierofficial sous licence CC 2.0

Si vous souhaitez faire de l’écovolontariat en Afrique, vous pensez peut-être à travailler avec des animaux sauvages, comme par exemple des lions. Méfiez-vous alors de projets qui font miroiter la possibilité d’élever des lionceaux à la main. Car les lions issus de ces fermes d’animaux sauvages finissent en général plutôt au bout du fusil d’un chasseur que dans la nature. Nous avons décidé de ne proposer aucun projet d’élevage de félins sur notre portail en ligne et d’expliquer les combines de l’industrie de la chasse aux lions afin que les bénévoles ne soutiennent pas involontairement la chasse aux trophées.

Les missions d’écovolontariat avec des jeunes félins sont l’une des trois catégories de mission que nous excluons de notre portail, avec les missions humanitaires en orphelinat et les projets maltraitant les éléphants en captivité.

En bref

  1. Les missions de volontariat avec des lionceaux font presque toujours partie de l’industrie de la chasse aux lions : restez à l’écart !
  2. Par conséquent : Guidisto exclut tous les projets d’élevage de félins (lions, léopards, guépards, tigres)
  3. Il existe de nombreuses alternatives utiles pour faire de l’écovolontariat en Afrique du Sud, en Tanzanie, etc.

« Venez câliner le roi des animaux », « Nourrissez des bébés lions à la main », « Jouez avec des lionceaux » : de nombreuses offres dans le sud de l’Afrique attirent les amoureux d’animaux africains vers leurs projets avec de telles promesses. À priori, cela a tout pour plaire : vous faites du bénévolat, vous contribuez à la préservation des lions et, cerise sur le gâteau, vous avez en plus le droit de jouer avec des animaux extraordinaires aux allures de grosses peluches. Pas étonnant donc, que les projets de bénévolat avec des lions en Afrique aient autant de succès.

Les éleveurs appâtent les volontaires avec de fausses promesses

Derrière ces missions avec des animaux en Afrique du Sud, au Zimbabwe et d’autres pays, se cachent pourtant des affairistes peu scrupuleux qui se servent sans vergogne des bonnes intentions des volontaires. Ils font croire aux bénévoles que les animaux sont élevés pour préserver la diversité génétique de l’espèce. Qu’ils seront relâchés dans la nature plus tard pour s’y accoupler. Que le bénévolat avec des lions et autres bébés félins permet donc de contribuer à la conservation des espèces.

C’est plutôt le contraire. La réintroduction de lions qui ont grandi en captivité, au contact permanent de l’homme, est impossible. Ces félins représenteraient un danger pour la population lorsqu’ils s’approchent des villages et de leurs habitants sans peur des humains. Par ailleurs, ils ne pourraient pas survivre seuls dans la nature après avoir été élevés à la main et apprivoisés par des êtres humains.

Pour légitimer l’élevage à la main quand les bénévoles deviennent méfiants, les gérants avancent souvent le prétexte que la lionne aurait abandonné ses propres petits. En effet, il arrive qu’à l’état sauvage, les lionnes ne s’occupent par exemple pas des jeunes les plus faibles de la portée. Il s’agit cependant de cas isolés alors que ce sont toujours plusieurs lionceaux à la fois qui vivent dans ces fermes et y sont élevés à la main.

Pour assurer la survie des grands félins en Afrique, il est important de protéger leur habitat et de combattre le braconnage. Élever des lions en captivité ne contribue donc pas à la préservation des animaux sauvages, même si les éleveurs soutiennent le contraire.

Deux à trois lions sont chassés et tués tous les jours

lionne avec son lionceau

Photo David Dennis sous licence CC 2.0

Dès que les lionceaux (ceux que les volontaires ont pu câliner) atteignent l’âge de cinq ou six ans, ils sont la plupart du temps tués lors de cruelles chasses closes (ou « chasses en boîte »). Ce genre de chasse, aussi connue sous le nom de « canned hunting » en anglais, permet aux chasseurs de tuer un lion sur un terrain clos. Les animaux ne peuvent donc pas s’enfuir ; ils se précipitent même souvent vers leur tueur parce qu’ils pensent que ce dernier leur apporte à manger.
National Geographic rapporte qu’environ 1 000 lions (deux à trois par jour) se sont retrouvés sous les fusils de chasseurs, bien souvent étrangers, rien qu’en 2014. La chasse close est un business qui rapporte : les chasseurs paient près de 12 000 € pour pouvoir abattre un lion. Et pour assurer un approvisionnement suffisant des “stocks” dans les fermes, les félins sont élevés en quantité massive.

Les photos et les promenades contribuent également à la chasse close

Ce n’est pas seulement la chasse qui permet de faire rentrer de l’argent dans les caisses des éleveurs. Ces affairistes futés ne manquent pas d’idées pour tirer un profit maximal de la vie des lions. Selon une estimation de l’association pour les animaux CACH (Campaign against canned hunting),  ils gagnent environ 60 000 € pour chaque animal. Les gains générés par les frais de participation des bénévoles représentent moins de 20 % de ces revenus. Les touristes traditionnels sont malheureusement tout autant mis à contribution. On leur propose de prendre des photos avec les bébés félins ou encore de se balader avec de jeunes lions (« walking with lions »). Après la chasse, les os des animaux seront vendus en Asie où ils sont utilisés dans certaines médecines traditionnelles.


Bien que les extraits de cette vidéo ne soient qu’en partie tournés en Afrique, ils illustrent très bien le stress que les animaux subissent et comment ils pâtissent du contact perpétuel avec les hommes.

Quels projets excluons-nous de notre base de données ?

En tant que portail engagé pour un écovolontariat responsable, nous ne voulons évidemment pas aider l’industrie de la chasse close en Afrique. C’est pourquoi, chez Guidisto, nous refusons en bloc tous les projets de bénévolat qui proposent comme mission régulière que les volontaires soient en contact direct avec des bébés félins tels que les lions, les léopards, les guépards ou les tigres. Nous entendons par “contact direct” les activités comme nourrir les lions à la main, jouer et se balader avec eux (« walking with lions ») ainsi que toute autre activité similaire.

Cette règle s’applique explicitement aussi aux programmes d’élevage qui prétendent réintroduire leurs jeunes animaux dans la nature un jour ou l’autre. Nous avons fait des recherches auprès de plusieurs organisations de protection de la nature et des animaux (parmi elles WWF, IUCN et Quatre Pattes) qui nous ont toutes confirmé qu’il n’existe, pour l’instant, aucun programme de réintroduction en Afrique ayant réussi à réintroduire des lions dans la nature. Le futur des jeunes félins introduits dans ces programmes d’élevage est donc assez douteux.

Il y a d’ailleurs une deuxième catégorie de projets de volontariat que vous chercheriez en vain sur notre portail : les missions humanitaires en orphelinat. Tout comme pour les projets de câlinage des lions, la bonne volonté des volontaires est là aussi exploitée : elle a un impact négatif sur les enfants et permet aux gérants d’orphelinats de s’enrichir.

Des alternatives utiles au bénévolat avec des lions et autres félins

Si vous souhaitez tout de même agir pour la protection des félins, vous trouverez une multitude de projets utiles de volontariat avec animaux en Afrique sur notre site, dans lesquels les amateurs de lions peuvent s’engager activement pour protéger durablement des espèces menacées. De nombreux parcs nationaux et réserves privées accueillent des volontaires. Au lieu de caresser les animaux dans une cage, vous aurez la possibilité de les observer dans leur milieu naturel et de protéger leur habitat. De plus, il existe des projets de soins aux animaux où des animaux blessés, confisqués ou libérés ailleurs peuvent finir leurs jours dans des conditions dignes.

Parlez à vos amis de "Ecovolontariat Afrique : la face cachée du bénévolat avec des lionceaux" :

Frank Seidel

Frank Seidel est le fondateur de guidisto-volontariat.fr, le portail en ligne indépendant pour le volontariat responsable et flexible à l’étranger. Depuis sa propre expérience en tant que volontaire en 1991, il travaille dans le secteur de l'engagement volontaire à l'étranger. Par le passé, il a également écrit un livre sur l'écovolontariat, et a travaillé comme directeur marketing pour un grand organisme de volontariat.

2 commentaires

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  1. 11/08/2017
    cest immonde. mais les volontaires exploités ne savent vraiment rien ? les bébés sont sans doute volés aux meres. Répondre
  2. 28/11/2019
    Très bon article sur le cas des lions en Afrique du Sud. Les volontaires sont leurrés et on leur explique de fausses raisons. C'est pour cela qu'il faut faire attention avant de partir sur un projet, et informer les gens. Répondre

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